Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments annoncent d’ordinaire. Qu’on le trouve ou non, il n’importe guère, car l’homme lui-même paraît et disparaît. L’élan du combat, qui précipite tout vers le point de la plus épaisse poussière, emporte pêle-mêle hommes et dieux. Ces visions de midi sont toutes vraies. Alors que la théologie, qui n’est qu’une philosophie sans recul, peut tenter de dissoudre le nouveau dieu dans l’ancienne nature et Jupiter dans l’immense ciel, la poésie, plus adhérente aux mouvements vrais de l’homme, ne cesse pas de vaincre le monstre panthéistique, et de dessiner l’homme seulement homme, si naturellement surhumain. Car le miracle est l’ordinaire des guerres, soit que l’ennemi déjà blessé se perde dans le nuage ; soit que le courage ou la peur passent comme des météores ; soit que tous les coups portent par une sorte de prédiction qui les conduit ; soit qu’une méprise de l’épée ou de l’arc en annonce d’autres, comme il n’est que trop vrai ;