Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/289

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jamais que ce qu’il exige. Et le dévouement, déshonoré s’il n’est libre, est injurieux s’il n’est forcé. Ici sont rassemblés tous les drames de la politique armée, que l’histoire travestit en incidents. La révolte est enfermée dans l’obéissance ; elle est même dans l’arme. Il est urgent que l’exécutant meure. Et, parce que l’homme n’a, à ce degré du culte, d’autres dieux que ses anciens rois, on comprend le regard de Jupiter sur les hommes misérables. Ce n’est point lui qui le veut, c’est eux qui l’ont voulu. Achille se déchire lui-même, et c’est l’ennemi qui paiera ; le maître attend. Vraisemblablement la fureur des hommes en guerre vient toute de ce dieu impassible, et qu’on adore tel.

Tibère est pire que César, et la cour est pire que le camp, dont elle garde l’image. L’administration, qui range et qui compte les hommes et les choses, fait que l’esprit s’élève sur la force, et règne par le calcul. Et l’intendant a même défense de faire