Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/288

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l’impénétrable des rois, et qui passe dans les dieux. Ce regard inhumain s’assure seulement de n’être pas regardé. D’où dans les plus proches et les plus fidèles, une crainte d’offenser qui est crainte d’être offensé ; et une crainte d’examiner qui est une crainte de douter. Ce sentiment fait les braves, car ils n’ont plus que la consolation d’obéir, ce qui est s’égaler. Ainsi se fait le désert autour de la tente principale. Au fond, la puissance ne veut jamais être aimée comme on voudrait l’aimer. La religion de puissance est donc profondément fausse, et profondément triste. Les théologiens n’y regardent point sans terreur, car ils aperçoivent des propositions évidentes et impossibles. “Quoi que tu offres à Dieu, c’est Dieu qui se l’offre à lui-même.” On veut croire à quelque difficulté métaphysique ; mais ce n’est qu’une ruse de l’esprit qui déguise philosophiquement son ancien mensonge. À n’importe quel chef de guerre on n’offre