Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/294

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et la guerre fait toujours attention à tenir hors de guerre les nourrisseurs et fournisseurs. Ainsi se montre une autre loi, qui est de probité pure ; car il n’y a presque point d’échange où la maison donne en même temps qu’elle reçoit, et la promesse est ce qui transporte les biens d’un lieu à l’autre. C’est pourquoi le guerrier garde le marché.

Chacun sait qu’on ne peut imposer un prix. Par ce côté tout marché est libre. Le refus d’acheter, comme le refus de vendre, ne sont pas seulement fuite devant la force ; ils doivent se traduire au plein jour, par le rabais et l’enchère, et même proclamés. Car le juste prix, signé de César, c’est le prix du marché public, et, sans le juste prix, il n’y a plus de crédit, ni de monnaie. La face de César sur la monnaie signifie plus d’une chose. César y garantit la bonne foi ; il se démet dans ce métal qui passe de mains en mains. La signature royale garantit le poids, mais la balance n’est pas loin. Une juste poésie a