Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/297

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des paysans, qui font contraste avec la solennelle et religieuse conclusion. Cette probité toute pure est la même dans Gobseck. Et ce mélange de ruse et de fidélité est cause que le visage fermé est celui auquel on se fie. Mais les dissipateurs ne peuvent comprendre cette double vertu, qui les dépouille deux fois. C’est donc un lieu commun de dire que le commerce est un vol ; et Gobseck lui-même rit de cela, car un bon tour est toujours un bon tour. Jupiter n’en pense rien, mais il envoie Mercure. Ce dieu, toujours plongeant du haut du ciel, fait la liaison entre l’esprit gouvernant et l’esprit des lois. C’est le dieu des choses humaines comme elles vont. C’est, à bien regarder, l’ennemi des drames ; il vient sauver l’ordre inférieur. Horace l’invite à ses modestes fêtes : “N’oublie pas Mercure.” C’est le nom aussi que l’on donne au métal brillant qui coule entre les doigts. Et les ailes aux pieds du dieu ne sont pas celles de la