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CHAPITRE X

L’ESPRIT

L’esprit est moqueur. Le commun langage, qui ne trompe jamais, nous jette au visage cet énergique avertissement. Autour du pouvoir, et jusque dans l’intérieur du pouvoir, l’esprit voltige et plaît. Il suffit toujours. Le rire défait le nœud ; nous sommes assez contents de n’être pas pendus sur l’heure. Car nous serions pendus à nos très sérieuses ficelles ; et la pesanteur sera toujours le meilleur symbole de la force, comme l’angoisse est l’effet le plus ordinaire de la fonction gouvernante. L’esprit nous délivre un moment ; c’est mieux