Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/310

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qu’annoncer. L’esprit est ami et sauveur tout de suite et toujours. Voltaire a vécu longtemps. Trouvez mieux si vous pouvez. Il faut que je respire en attendant. La cabriole est de nécessité. Comprenons bien que le rire est l’effet du sérieux. Réaction de physiologie et tension rompue ; mais plus encore. L’animal a ce mouvement brusque qui change l’humeur ; un rien le détourne. Le propre de l’homme c’est d’entretenir et de répandre ce sentiment de liberté. Libre en soi, libre de soi, tel est l’objet premier de la réflexion et cet objet c’est le rire. L’esprit s’y accoutume, s’y essaie, s’en assure. Il suffit quelquefois d’une perspective de sérieux pour faire rire. D’où l’on s’explique que l’extrême logique soit risible. Il suffit d’arranger les choses en paroles, telles que l’esprit les ferait sans le choc de l’expérience. La catastrophe seule, quand elle n’atteint que les idées, fait rire ; ainsi un homme qui raisonne, et dont la chaise s’effondre. Seule-