Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/315

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taigne, ce fils devenu maître et qui traîne son père par les cheveux ; le père ne dit rien, jusqu’à un certain tournant de la maison où il s’écrie : “Arrête, mon fils ! car je n’ai traîné mon père que jusque-là.” On ne se remet point aisément d’une telle secousse ; on en prend une vue gigantesque de ce que serait la loi de fer, si la raison n’était que raison. Après quoi il faut citer, toujours de notre auteur, la fable, ou comme on voudra dire, de l’écuelle de bois, plus sobre mais qui participe de la même gaîté forcenée. À l’enfant qui fait une petite écuelle, semblable à celle dans laquelle son grand-père mange la soupe, on demande pour qui il travaille, et à son père, qui le demande, il répond “c’est pour toi”. Aucun ordre ne tient contre cette manière de décrire. Mais je veux finir dans un air plus léger. “Ma sœur l’herbe, dit Voltaire, voici venir un monstre effroyable qui de nous deux ne fera qu’une bouchée. Les hommes appellent ce