Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/332

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confondre le sentiment biblique de la nature avec le sentiment purement agreste, ni le prophète d’Israël avec la Pythie Delphique. L’imagination, dans son âge panthéistique, cherche une nature encore derrière la nature, et le grand secret dans la convulsion même ; au lieu que l’imagination d’Israël se sait maudite et impure devant l’Éternel. Tel est le transport de la nature à Dieu, sous le règne du pur Esprit.

La religion du second degré, qui est politique, n’a point passé en métaphore. Et il me semble que l’attribut de puissance, délégué à l’esprit pur dans une sorte d’emportement, doit être pris comme la partie honteuse de la religion de l’esprit. Je voudrais suivre cette erreur capitale dans les efforts mêmes que la plus haute religion n’a cessé de faire pour s’en délivrer. Ici paraissent, comme des phares, la doctrine de la grâce et l’image de celui que Claudel nomme le scandaleux supplicié. Dans la