Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/331

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Dieu comme font les étoiles ; très mal certes, car l’homme est peu ; mais du moins en harmonie avec ce grand théâtre ; d’où une emphase d’humilité, et tout naturellement une sorte de danse selon les mouvements de nature, non selon les mouvements de pensée. Ce qui serait agreste, n’était une sorte de désespoir d’exprimer la grandeur inexprimable et l’unité inexprimable. D’où un tragique tout extérieur, et immolé lui-même en vaines images. Aptitude théâtrale bien connue, caractéristique d’une vanité métaphysique. L’Ecclésiaste a dit le dernier mot de l’acteur. L’imitation de soi n’est donc qu’une prière ; la fureur, le désespoir, la malédiction s’humilient en leur propre image, et la convulsion punit le péché de sentir ; d’où vient que la convulsion est noble. Toute image va donc à exprimer son contraire ; et telle est l’âme de la métaphore, qui se nie dans l’instant, au lieu que la comparaison se développe. Ainsi il ne faut point