Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

problèmes, qui sont eux-mêmes de volonté, la puissance de l’esprit se trouve menacée, et dans l’esprit même, par la puissance extérieure. Il s’agit toujours de choisir entre l’éternel César et la conscience libre. Et, puisque le poids de César ne fait pas question, il ne s’agit pas, en cet extrême du débat avec soi, de mesurer et contre-mesurer. L’entendement n’y sert point. Il faut choisir par générosité, comme parle Descartes, ou par charité, comme dit l’apôtre. Mais il faut bien de la réflexion pour n’y voir pas de différence. Le saint fait ce pas, par un sentiment juste de soi-même, et avec bonheur.

Quand je dis que la religion est humaine et non inhumaine, je ne m’engage pas par là à l’expliquer toute. Je dis seulement qu’il faut y regarder avec attention, et que, plus on y regarde, plus on comprend que l’homme pensant devait arriver à ces subtilités d’abord étonnantes, mais qui toutes éclairent l’homme à lui-même. Descartes