Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/373

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absolument le pouvoir, mais ils le laissent dans son nuage, ils ne le reçoivent point en leur conseil secret. Ils traduisent ainsi l’étrange pouvoir du père, qui est tout de nature, et qui doit être nié à un moment, quoiqu’il reste toujours environné de respects. La loi extérieure doit faire place à la loi intérieure ; tel est l’avenir du fils bien-aimé. Ainsi cette métaphore dit très bien ce qu’elle veut dire. Le saint contemple l’homme en sa perfection humiliée ; il joint Dieu et l’homme en une seule image ; il pense que l’homme et Dieu sont intimement ensemble dans l’homme libre ; il voit cet homme libre sur une croix ; il juge, comme Platon, qui a annoncé ce grand spectacle dans son Gorgias, que ce supplice prouve au moins que la vertu n’est pas un moyen de puissance. Leçon pour les rois. Mais comment comprendre que ce juste est à la fois et très certainement tout à fait homme et tout à fait Dieu, selon l’expression de Hegel ?