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PLATON ET KANT

quelque blessé à qui on espère sauver la vie. Mais c’est assez de généralités. Je me propose de traiter dans mes lettres les questions suivantes : de la conscience de soi, de l’espace et du temps, de la géométrie, de l’arithmétique, et autres qu’il est inutile d’énumérer d’avance. Sur toutes ces questions j’ai entendu des discussions, d’où je tirais qu’il était bien malheureux que Poincaré et Einstein n’aient pas lu Kant. Je cite ces deux-là, parce que les erreurs des grands sont instructives. Je reviens à Platon ; car j’ai dit souvent : « C’est malheureux qu’un homme d’entendement n’ait pas lu Platon ». Je conviens qu’on ne peut guère lire Platon ou Kant que dans des traductions ; mais je pense que les traductions reproduisent exactement les idées de l’auteur traduit. Ce n’est pas comme si je cherchais dans les traductions le style et la matière d’un auteur. Mais quant à l’idée, on ne peut pas la manquer quand il s’agit d’un auteur qui expose non pas son idée, mais celle de son lecteur. Vous êtes invité à vous comprendre vous-même. J’avoue que c’est beaucoup demander, et c’est jeter le