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Page:Alain - Lettres à Sergio Solmi sur la philosophie de Kant, 1946.djvu/20

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PHILOSOPHIE DE KANT

Or Lagneau a dit : « Il n’y a pas de connaissance subjective ». Ici trouve sa place une dialectique assez subtile ; car nous n’avons pas autre chose que notre Raison pour connaître, et si quelque chose est divin en nous, alors tout est divin, et le monde est comme il nous paraît, que nous en jugions d’après nos yeux ou d’après notre raison. C’est pourquoi on a souvent dit que le kantisme est un idéalisme subjectif, qui a aperçu que nos connaissances ne sont jamais que nos idées ou les impressions de nos sens. Cet aspect de la philosophie de Kant est assez connu. Il se retranche en lui-même et se borne à mettre de l’ordre dans ses idées. Toutefois la pratique ne s’arrange pas de l’idéalisme subjectif, et nous voyons s’ouvrir une philosophie pratique qui se demande quelles sont les connaissances qui peuvent guider nos actions. Le pragmatisme, qui est cela même, revient toujours dans la philosophie, comme vous savez bien. Le connaître alors se change en croyance, c’est-à-dire en la foi.

Il est vrai. Mais Kant a écrit, dans sa Raison pure, une réfutation de l’idéalisme,