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Page:Alain - Mars ou la Guerre jugée, 1921.djvu/196

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immenses progrès d’industrie, dont chacun pèse à son tour, et alourdit encore la chaîne. La mécanique est plus compliquée ; le pylône s’élève, et tombe de plus haut. L’an 1914 l’a assez montré.

Faute de vouloir. Par cette maladie de l’attente, qui fait que chacun attend le salut d’autre chose que de lui-même. Il suffit pourtant de vouloir. Le christianisme soumit les forces, seulement par un Vouloir décidé, par un choix, sans aucune violence. Mais quand cet ordre nouveau fut établi, quand on le proclama Chose, il devint aussi lourd de matière que les anciennes forces ; sans doute aussi par l’effet d’une métaphore mal comprise, qui trompa sur cette Autre Vie.

Mais nous, manquerons-nous de courage pour Juger ? Une parole, ce n’est pas beaucoup. Mais regardez bien. Ne pas consentir, ne pas adorer le mal ; ne pas l’accepter en esprit. Vouloir ferme ce qui n’est pas, afin qu’il soit. Saurons-nous comprendre cet immense effort des esprits faibles, qui depuis tant d’années nous ramène au fait ? Saurons-nous comprendre que tout cet appareil de l’expérience, partout avide, insolent et petit, nous conduisait à cette guerre qui devait être pour eux la preuve et pour nous la punition ? Saisirez-vous le sens de ce mauvais sourire ? Alors, mes amis, n’essayez plus de penser sans vouloir, mais commencez par faire un grand Serment. Car si vous observez et attendez, alors c’est Oui. Mais si vous dites non à la guerre, alors c’est Non.