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D’UNE CLASSIFICATION NATURELLE

de l’imaginaire dans l’imagination, dont les philosophes ne se défieront jamais assez.

Par ces remarques, les arts se trouvent distribués en trois groupes. Dont le plus naturel et le plus proche du simple instinct est sans doute la mimique et ses variétés, toujours imitative et collective en ses premiers essais ; toute attitude est d’abord de politesse, et commune ; toute expression aussi. Les arts vocaux, ou d’incantation, n’en sont qu’un cas particulier ; toutefois il semble que l’attitude soit réglée un peu avant la voix. Enfin les arts plastiques seraient définis par ce secours que le geste apporte à la vue, surtout lorsqu’il se fixe en une œuvre durable. Parmi lesquels l’architecture est naturellement collective, au moins familiale ; et la sculpture et la peinture ne s’en détachent jamais tout à fait. Le dessin est certainement plus abstrait et plus solitaire. Et l’écriture, qui est le dessin le plus abstrait, définirait, avec le secours de la typographie, le dernier venu et le plus solitaire des arts.

À quoi ne s’oppose point la distinction connue entre les arts en mouvement et les arts en repos, les premiers n’existant que dans le temps et par l’action du corps vivant, les autres laissant des traces durables ou monuments, dans le sens le plus étendu. Mais nous trouverons ici une raison de considérer la poésie, l’éloquence et la musique comme intermédiaires, puisqu’ils se fixent en monuments aussi, quoique ces monuments ne les fassent pas être à proprement parler ; car il reste pourtant moins de la mimique que de la musique, quand le créateur n’est plus. Notons que toutes ces classifications s’accordent, et déterminent jusqu’au détail l’ordre d’exposition qui convient.