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Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/56

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CHAPITRE II

DE L’ART EQUESTRE
ET DE QUELQUES AUTRES

Il y a deux parties dans l’art équestre ; une d’utilité, qui vise à conduire la bête, à prévoir ses mouvements et à en garder la direction ; l’autre est de spectacle, aussi bien pour le cavalier. Et cette partie de l’art n’est pas vaine ; ce n’est pas peu de chose que de se sentir assuré, ce qui s’obtient par des jeux et exercices où l’on se plaît à changer l’animal aussi aisément que l’on change son propre corps. Et il n’y a certainement point d’action où les mouvements de l’instinct soient plus directement et continuellement menaçants, puisqu’ils dépendent des sursauts d’un animal puissant et maladroit. Ainsi l’animalité est à la fois séparée de l’homme et jointe étroitement à l’homme, ce qui propose la plus juste image de la volonté et des passions. Avec ce secours pourtant que l’animalité est d’abord sentie comme extérieure, sans cette préparation humiliante qui subordonne tous nos mouvements à une peur intime. Aussi l’improvisation est le propre de cet art, et la grâce y est toujours jointe à la surprise. Il y a donc un plaisir du dresseur, qui est esthétique. Et il y a aussi un plaisir du même genre pour le spectateur, pourvu qu’il