Page:Alanic - Aime et tu renaitras.djvu/166

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court bonheur ! Quel émoi de les respirer de nouveau ! Et voici la maison, où gisent tant de souvenirs délicieux et atroces !

Dans l’enclos, des soldats convalescents, flânant entre les tamaris et les genêts, saluaient avec étonnement les arrivantes. Mme Guérard, le regard tendu en avant, ne percevait rien autour d’elle, attentive seulement à marcher sans fléchir, jusqu’au bout.

L’escalier monté, les deux femmes se trouvèrent devant la porte qui s’était rarement ouverte depuis l’affreux départ.

La main de Nanette tremble tandis que, maladroitement, elle agite la clé dans la serrure. Enfin, la porte roule sur ses gonds et les visiteuses passent le seuil.

Les meubles, sous leurs housses claires, prennent, dans la pénombre, de pâles apparences fantomales. Nanette, sans dire mot, pousse les persiennes, essuie, secoue, range, allume un feu d’aiguilles de pins et de fusains desséchés « pour changer l’air renfermé ». Hélène, assise dans le bow-window, en face de la mer, ne perçoit rien que ses véhémentes réminiscences. De toute sa volonté surtout, elle évoque la belle et chère figure, évanouie du monde ter-