Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/71

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Mais Gerfaux, triomphant, levait le doigt vers le ciel obscurci.

— À demain, la promenade !… Voici la pluie.

De larges gouttes s’écrasaient déjà sur le gravier. L’averse d’orage brouilla l’horizon. Il fallut revenir au salon où le piano et la table à ouvrage formaient un îlot, dans le vaste espace démeublé. Estelle ferma les volets, alluma les bougies. Adrien s’était déjà assis devant le clavier et expliquait son thème musical.

— Brroum… brroum… Taratatata… Voilà l’ouverture. Fracas de trompettes, de trombones, coups de cymbales, indiquant la chasse, le meurtre du comte de Poitiers, l’affolement de son neveu Raimondin qui se croit homicide et s’enfuit… Tout à coup, ce vacarme s’apaise par des modulations de harpes et de flûtes… Très joli, ce rythme rêveur, ces arpèges séraphiques, n’est-ce pas ? observait le musicien, naïvement satisfait… Ta la la la… Apparition de la fée. Raimondin ébloui, subjugué par une force surnaturelle, s’abandonne corps et âme à l’enchanteresse qui le berce de mots d’espoir.

     Tu l’assures ! Je puis donc vivre !
     Mais comment vivrais-je sans toi ?
     Je suis ton esclave : prends-moi…
     À ta volonté, je me livre…