Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/72

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— Tu en es resté là du duo d’amour, paresseux !

— J’attendais que la fée me répondît, fit le poète, accoudé à la table où travaillait Estelle. Je l’entendrai mieux ici, me semble-t-il.

— Parbleu ! approuva Gerfaux, avec confiance.

Et rempli de son sujet, il poursuivait avec ardeur, fredonnant, chantant, improvisant des paroles, jouant des phrases mélodiques, plaquant des accords qui ébranlaient le vieux meuble.

— Sois mon maître, crie Mélusine, transportée de joie. Jamais aucun mortel n’aura connu un tel amour !… Le chevalier éloigné, elle confie son bonheur aux farfadets et aux sylphes, ses amis, aux fées, ses sœurs. Aimer ! Mélusine aime et est aimée ! Cet amour humain la régénérera ! Mais une voix terrifiante retentit, rappelant la fatale malédiction. Le salut est encore loin ! Le châtiment doit peser sur la fée durant la vie entière de Raimondin. Elle tombe accablée, suppliant le destin impitoyable, tandis qu’autour d’elle se lamentent les génies des airs et des eaux !… Éclairs ! Tonnerre !… Feux de Bengale dérobant la scène au public. Et applaudissements ? Qu’en penses-tu ?

— Qu’entre la coupe et les lèvres… il y a l’œuvre à faire ! dit Renaud, souriant. Mais elle se fera ! Le sujet est splendide…

— Et l’œuvre composée, il restera le plus ingrat