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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/80

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Éperdue, elle s’agitait faiblement, sans parvenir à distendre l’étreinte. Non moins vainement, elle cherchait à cacher son visage où se reflétait son propre émoi. Elle se croyait jetée dans le chaos. Et les paroles passionnées, balbutiées à son oreille, l’assourdissaient comme une rumeur de tempête.

— Estelle, c’est du meilleur de moi-même que je vous adore… Vous tenez, entre vos mains chères, tout mon avenir. Croyez-moi quand je vous affirme que je n’ai jamais aimé personne comme je vous aime.

Elle sentait qu’il disait vrai, qu’il répudiait, en cet instant, les idoles fugitives de son passé. Estelle, aux yeux du poète, remplissait l’espace et le temps. Elle était la seule femme actuelle, incarnant, en ce cadre idyllique, parmi les roucoulements des ramiers et les vibrations des atomes, le charme du printemps vainqueur.

— Nous serons si heureux ! Tu n’as jamais vécu pour toi, chère sainte ! Ne repousse pas l’amour ! C’est si bon, si doux. La fête de l’existence !

Il se penchait, anxieux, vers le tendre visage convoité. Elle eut, toute proche, la vision des yeux bleus brûlants et de la bouche avide. Mais ce qu’il découvrit, lui, dans les prunelles transparentes, lui fit jeter un cri de triomphe.