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Page:Albanès,Les mystères du collège,1845.djvu/154

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primé et de l’innocent doit être placé au premier rang… — Oui, des bavards, n’est-ce pas ? — Ah ! quelle indignité ! Cujas et Barthole, venez à mon aide ! — Ne te voit-on pas dans toutes tes compositions en mettre vingt fois plus qu’il ne faut ? Tu es un bavard, et ta vocation est d’être. — Bon ! quand tu auras une mauvaise affaire avec le pion, tu t’arrangeras… tu iras au cachot… lors même que tu aurais raison. Sans avocat, la justice ne reconnaît pas d’innocence… Attrape ça. — Ah ! dit un décidé en tendant le jarret, les avocats, les médecins, je les mets ensemble, moi ; c’est avec le sabre, l’épée, les canons, qu’il est beau de trancher les grandes questions. Y a-t-il rien de plus ridicule que ces gens qui ont la prétention, assis dans leur fauteuil, de tout décider avec le bout de la plume ? Vive la guerre ! La paix ne convient qu’aux poltrons, aux esprits timides. Y a-t-il rien de plus beau qu’un soldat qui, pour faire respecter son pays, brave le feu de l’ennemi et contribue à faire remporter une de ces victoires dont on conserve un éternel souvenir ? On n’oubliera jamais Austerlitz, Marengo, Montmirail ! Et le nom de Napoléon et de ses compagnons d’armes durera autant que le monde, c’est-à-dire toujours. À côté de ces grands hommes-là, qu’est-ce que vous ferez, vous autres avocats, qui préparerez vos plaidoyers en face d’un bon feu et les prononcerez une chaufferette sous vos pieds ? Au lieu que nous autres, hommes d’exécution, hommes de guerre enfin, rien ne nous fera peur… nous marcherons au combat peut-être plus gaiement