Et le dessert, le collégien en a-t-il ? Et pourquoi pas. En première ligne même on place les pruneaux, et l’on en sert au réfectoire qui sont tout à fait extraordinaires… Les noyaux sont beaucoup plus gros que les pruneaux !
Mais le collégien n’est pas homme à se laisser démoraliser
parce que la cuisine est mauvaise. Il trouve toujours des
moyens de compensation, c’est de faire de la ruse. Ainsi au
réfectoire, comme ailleurs, il faut que le nouveau paie de
son inexpérience. Un nouveau donc fait tout à coup une grimace
de possédé. Tous les yeux sont braqués sur lui, il est
en ce moment un point de mire unique. « Ah ! ce pauvre
ami lui dit son voisin de gauche, qu’as-tu ? est-ce que tu serais
tombé à un morceau privé
d’assaisonnement ? — Non, non,
répond la pauvre victime, le poivre,
le poivre m’étrangle ! » Eh parbleu, je le crois bien, le
bon apôtre de gauche, pendant
que le bon enfant de nouveau est
amusé par celui de droite, avait
renversé la poivrière entre deux morceaux de viande. Un
instant après, pendant qu’il tourne la tête, son assiette s’est
vidée comme par enchantement et on lui persuade qu’il a
mangé ce qu’il réclame. Mais il est nouveau et ne veut pas se
fâcher, se promettant bien de se venger sur le premier qui
viendra. C’est de bonne guerre.