Page:Albert Bataille - Causes criminelles et mondaines de 1887-1888.pdf/332

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le pillage de l’hôtel de Mme Madeleine Lemaire remonte à la nuit du 4 au 5 octobre. L’hôtel est situé au numéro 31 de la rue de Monceau. A cette époque, Mme Madeleine Lemaire, sa fille et sa tante, Mme Herbelin, qui habitent ensemble, étaient on villégiature au château de Réveillon, dans la Marne.

Le matin du 5 octobre, vers cinq heures, une balayeuse aperçut de la fumée qui sortait des fenêtres de l’hôtel. Elle éveilla des voisins, on organisa des secours, et le commencement d’incendie fut éteint. On constata immédiatement que cet incendie avait été allumé par des malfaiteurs. L’hôtel avait été littéralement mis au pillage. Tous les tiroirs étaient forcés. Les bijoux, l’argenterie, les bibelots précieux avaient disparu. Les voleurs avaient poussé le vandalisme jusqu’à crever à coups de couteau le portrait de M"e Lemaire par Chaplin. Puis ils avaient mis le feu.

Les dégâts dépassaient 10.000 fr. ; la valeur des objets disparus atteignait au moins 15.000 fr.

Grâce au signalement des bijoux volés, signalement donné par les journaux, ces infâmes journaux dont la police dit si souvent tant de mal et qui sont d’une si grande utilité à la justice, on parvint assez vite à retrouver la trace des coupables.

Un bijoutier do la rue Tronchet avait reçu d’un nommé Puisen l’offre de plusieurs diamants qui n’étaient autres que les diamants volés dans l’hôtel de la rue do Monceau. Il prévint la Sûreté. Puisen, interrogé, désigna un nommé Grenetti, qui prétendit, à sou tour, avoir reçu de bonne foi ce dépôt compromettant d’un homme Houchard et d’un nommé Didier.

Enfin, ces deux individus avouèrent que les diamants leur avaient été remis par leur camarade Clément Duval, qu’ils avaient connu au groupe anarchiste la « Panthère des Batignolles ».