Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/120

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il existe entre ces deux effets une très-grande parenté, à ce point que, si on enlève la lumière, les couleurs vont peu à peu s^obscurcissant, et qu’au contraire, si on la rétablit, elles reprennent aussitôt leur éclat. Puisqu’il en est ainsi, occupons-nous d’abord des couleurs ; nous verrons après comment elles se modifient par les lumières. Laissons de côté les débats des philosophes sur la première origine des couleurs. Qu’importe au peintre de savoir si elles sont engendrées du mélange du rare avec l’épais, ou du chaud et du sec avec le froid et l’humide ? Ce n’est pas, d’ailleurs, que je mésestime cette opinion philosophique qui veut que les couleurs soient au nombre de sept, le blanc et le noir formant les deux extrêmes, puis une intermédiaire entre laquelle et ces premières on en place deux autres qui, participant chacune plus que l’autre de sa proche voisine, rendent incertaine la place qu’elles doivent occuper. Il suffit pour le peintre de bien savoir quelles sont les couleurs et l’usage qu’il faut en faire en peinture.

Je ne voudrais pas être repris par les gens instruits qui suivent l’opinion des philosophes, affirmant que, dans la nature, il n’y a que deux véritables couleurs, le blanc et le noir, et que toutes les autres naissent de leur mélange. Quant à moi, je sens, comme peintre, que, du mélange des couleurs, on en peut faire d’autres à l’infini. Mais, pour le peintre, il y a quatre sortes de couleurs, nombre des éléments, et dont peuvent naître des variétés considérables. En effet, il y a la couleur du Feu, pour ainsi dire,