Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

114
DE LA PEINTURE

et qu’on nomme rouge, il y a celle du Ciel, qui s’appelle céleste ou bleue ; la couleur de l’Eau, qui est le vert ; la couleur de la Terre, ou couleur cendrée. Quant aux autres couleurs, elles résultent du mélange, ainsi que font les Jaspes et les porphyres. Ces quatre genres de couleurs forment, par leur mélange avec le blanc et le noir, des variétés innombrables. Car nous voyons les feuillages verts perdre peu à peu leur verdure jusqu’à devenir blancs, nous voyons également l’air, teint de vapeurs blanches, retourner progressivement à sa première nuance. C’est ce que nous remarquons dans les roses, dont les unes ont le ton de la pourpre ardente, et d’autres celui de la joue des vierges pu la blancheur de l’ivoire. La couleur de terre forme également, par l’adjonction du noir ou du blanc, des tons qui lui sont propres. Ainsi donc, le mélange avec le blanc ne change pas le genre des couleurs, mais il crée des espèces. La couleur noire a cette même puissance ; car le noir, par ses mélanges, engendre des tons divers. En effet, on s’aperçoit bien que la couleur est, dans son premier état, modifiée par l’ombre, puisque, si celle-ci vient à augmenter, la clarté et la pureté de la couleur diminuent ; si, au contraire, la lumière apparaît, les tons s’éclaircissent et s’avivent. Donc, le peintre se pourra convaincre que réellement le blanc et le noir ne sont, pour ainsi dire, que des modifications des colorations, attendu que le peintre n’a rien pu trouver que le blanc pour exprimer le dernier éclat de la lumière, ni rien avec quoi il pût davantage rendre l’extrême obscurité que le