Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/130

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quand il y aura en elles cette proportion du blanc au noir qui, dans les corps, existe quant à la lumière et l’ombre.

Tout cela s’apprend par des comparaisons. Effectivement, il y a, dans Part de comparer, une certaine puissance qui nous rend intelligible le plus, ou le moins, ou régal. Aussi appelons^nous grand ce qui est au-dessus du petit et très-grand ce qui est au-dessus du grand. De même, nous qualifions de lumineux ce qui est plus clair que l’obscur, et de très-lumineux ce qui est au-dessus du clair. Quant à la comparaison, elle s’effectue avec les objets les plus connus. Or, l’homme est au monde ce que l’homme connaît le mieux. C’est pourquoi, sans doute, Protagoras a dit qu’il était le modèle et la mesure de tout, entendant par là que les accidents des choses universelles se pouvaient comprendre par ceux de l’homme et leur être comparés. Cela nous enseigne que, quelque sorte de corps que nous venions à peindre, ils nous sembleront grands ou petits, selon la mesure des hommes que nous y aurons placés. De tous les anciens, celui qui me paraît avoir le mieux atteint la force d’une belle comparaison, c’est le peintre Timanthe, qui, dit-on, peignant sur un petit panneau un cyclope endormi, plaça près de lui des satyres tenant son pouce embrassé, afin que la mesure de ces satyres fît paraître le dormeur d’une dimension colossale.

Jusqu’à présent nous avons dit, à peu près, tout ce qui a rapport à la puissance visuelle, ainsi qu’à la connais-