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PROLOGUE.

rapports de la coupe et de l’élévation sont soumis à des lois invariables et mathématiques.

Tout peintre qui ne les saura pas ne sera rien moins qu’un peintre. Tout critique qui les ignorera ne sera qu’un critique sans autorité. La création est révolution de la substance éternelle dans le possible ; Part, c’est la fixation de cette évolution par un artifice. Si tu ne connais pas les lois qui régissent cet artifice, comment saurais-tu les mettre en pratique ? Et toi, critique, sur quoi pourrais-tu fixer ton jugement ? Qui n’a ne peut, c’est inflexiblement vrai. Nul écrivain sans grammaire, sans grammaire nul critique littéraire ; sans principes graphiques nul artiste, nul critique d’art non plus. Il faut que ce dernier soit le truchement entre l’artiste et le public, et qu’il traduise la langue du premier au second qui l’ignore. Ce qui fera son éternel honneur, ce qui fait celui de la grande critique, car elle existe, elle a ses maîtres, c’est de dégager l’impression générale par laquelle se traduisent ces mille notions qui n’intéressent que les spécialistes et les doctes y et de la faire toucher au vulgaire, toujours plus frappé par l’expression d’une passion particulière ou d’un trait de détail que par une haute philosophie de la forme, qu’il n’aperçoit que bien indistinctement.