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LEON-BATTISTA ALBERTI.

Pour occuper sa convalescence et donner le change à sa tristesse, il composa le Philodoxios, comédie dans le goût antique. Cette œuvre trompa longtemps après un humaniste par excellence, le fils du vieil Aide, Paul Manuce, qui imprima cette soi-disant épave de l’antiquité latine, cette bonne trouvaille de l’érudition. Le cénacle des érudits de Venise, où affluaient encore ceux du monde entier, opina avec le typographe érudit, cicéronien délicat de la grande école, pour attribuer à l’antique Lépidus cette comédie latine d’Alberti le moderne. Le livre parut sous ce titre : Lepidi comici peteris Philodoxius, fabula ex antiquitate eruta ab Aldo Manutio. Il est dédié à Ascanio Persio, le juge des érudits de son temps. D’ailleurs, le contemporain d’Alberti, Carlo Sigonio, savant légiste, professeur de grec à Modène, et qui enseigna les humanités à Padoue, y fut trompé lui-même bien avant. Cependant, Albert von Eyb, qui fut camérier du pape Pie II, attribue le Philodoxios à Charles d’Arezzo, de la famille Marsuppini, mort à Florence en 1453. Il en a inséré quelques scènes dans sa Margarita pratica epistolaris et oratoria, imprimée à Nuremberg en 1472. Son opinion n’a pas prévalu.

Alberti n’avait que vingt ans quand il écrivit