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LEON-BATTISTA ALBERTI.

cette comédie, ainsi qu’il le dit lui-même dans le prologue anonyme. C’était un jeune homme d’une adresse et d’une force peu communes. Le premier aux études, il excellait par-dessus tous les jeunes gens de son âge aux exercices du corps. Il luttait merveilleusement et déployait à la paume une agilité et une grâce extraordinaires. Il domptait, en se jouant, un cheval furieux. Cet athlète qui sautait à pieds joints par-dessus les épaules de dix hommes, qui s’escrimait de la pique mieux qu’aucun, qui perforait d’une flèche une forte cuirasse de fer, qui, le pied gauche appuyé contre la paroi de la cathédrale, lançait de la main droite une pomme à perte de vue par-dessus les combles de l’édifice ; cet écuyer incomparable qui, en selle, tenant une mince baguette par un bout, et posant l’autre sur son cou-de-pied, agitait son cheval dans tous les sens pendant des heures entières, sans que la frêle baguette remuât seulement ; cet adroit et alerte jeune homme qui, d’un seul doigt, imprimant une vigoureuse impulsion à une petite pièce de monnaie, lui faisait fendre l’air en sifflant et l’envoyait atteindre un mur distant de trois cents pieds sur lequel elle battait avec force ; ce gymnasiarque prodigieux qui eût stupéfié les arènes, avait le don de tous les arts. Sans leçons, il est musicien à faire l’étonnement des