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LEON-BATTISTA ALBERTI.

core dans Virgile la philosophie occulte ; c’est une tradition dantesque qui remonte plus haut assurément. D’ailleurs, Alberti est gibelin ; même dans sa vieillesse, il doit conserver le sentiment d’une Italie sauvée par la monarchie. Cette philosophie néo-platonico-dantesque, armée des formules d’Aristote, est un mouvement italien contre la souveraineté des papes. Elle porte en germe la Réforme, Comme le Perugin, qui jamais ne put mettre dans sa dure cervelle de marbre le dogme de l’immortalité de l’âme, comme le Vinci, Leon-Battista dut avoir des opinions particulières d’une orthodoxie suspecte et se faire, ainsi que le grand Florentin, une théorie religieuse sans rapports avec une religion connue : fait que constate Vasari pour Léonard dans sa première édition, mais que des scrupules religieux lui font atténuer dans la seconde, où il attribue au Vinci, à la fin de sa vie, un retour complet aux idées catholiques. Il serait oiseux d’établir la preuve du contraire, et cela ne prouverait rien ; car ces grands hommes, enveloppant leur pensée libre sous les formes d’une orthodoxie absolue, ne faisaient que continuer les traditions de leur chef de file Alighieri, dont l’œuvre entière cache, sous une forme si régulière et si inattaquable, une si hautaine rébellion contre Rome. Depuis Brutus jusqu’à Machiavel,