Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

87
DE LA STATUE

une petite ligne rouge, l’endroit où s’apercevrait la section horizontale si l’on sciait la statue. Les points que tu auras notés te permettront de terminer ton travail, et il en résultera ce que je t’ai dit. Enfin, grâce aux moyens sus-énoncés, on voit manifestement qu’on peut prendre les mesures et les déterminations d’un modèle vivant ou d’une statue avec la plus grande commodité pour exécuter un travail parfait selon les règles de l’art et de la raison.

Je souhaite que cette manière de travailler devienne familière à mes peintres et à mes sculpteurs, qui, suivant moi, s’en réjouiront. Pour rendre cela plus manifeste par des exemples, et afin que mes fatigues procurent plus de satisfaction, j’ai pris la peine de décrire les principales mesures de l’homme, non-seulement celles qui sont particulières à tel ou tel homme, mais, autant qu’il m’a été possible, j’ai voulu établir l’exacte beauté dont la nature nous a gratifiés, et qu’elle octroie presque entièrement à certains corps avec des proportions déterminées. Or, je l’entends faire par écrit.

Imitant celui qui, chez les Crotoniates, devant exécuter la statue de la déesse, allait choisissant chez diverses jeunes filles, belles entre toutes, les parties de beauté plus exquises, plus rares et plus admirées en ces vierges, pour les transporter à sa statue, j’ai, moi aussi, choisi plusieurs corps entre les plus beaux. Puis, j’en ai extrait les proportions et les mesures ; je les