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JACK ET JANE.

veau ; j’ai très mal agi en lisant une lettre qui ne m’appartenait pas, et je suis justement punie de toutes mes fautes !… Ah ! je ne suis pas faite pour améliorer les autres vraiment ! J’aurais mieux fait de commencer, suivant le conseil de maman, par me corriger moi-même !… »

Elle poussa un second soupir non moins profond que le premier.

« Voilà maintenant que j’ai un autre secret à garder, et je ne voudrais même pas le dire à Merry ou à Molly, car j’en ai trop honte ! Mon Dieu, mon Dieu, que j’ai eu tort ! Je vais tâcher de me retourner du côté du mur pour apprendre ma leçon, afin que personne ne voie ma figure, car bien sûr ma faute s’est écrite dessus ! »

Jane semblait être un petit modèle de sagesse avec son livre, ne laissant de visible que deux petites lèvres rouges qui murmuraient tout bas les règles de la grammaire.

Il est heureusement très difficile aux jeunes coupables de bien jouer la comédie ; quand même leurs yeux baissés ne les trahiraient pas, quelque chose d’indéfinissable semble toujours montrer leurs remords et leur honte.

Ordinairement, Jane se tenait étendue bien à plat et bien tranquille. En ce moment, elle était un peu de travers ; son pied s’agitait nerveusement, et sur son menton s’étalait un timbre espagnol qui n’y était pas auparavant.

Que ces minutes d’attente lui furent longues et que son cœur battit fort lorsque Mme Minot revint en lui disant gaiement :

« Jack est devenu très sage, et je vois que son amie est de même. Je crois décidément qu’il y a entre vous