sonne dans la gare, tous les employés étant occupés, un peu plus loin, à réparer un léger accident qui venait d’arriver.
« Voilà une bonne occasion de regarder à notre aise la vieille dame, » dit Frank pour imiter le langage de Bill.
Il grimpa sur la machine. Une fois là, il ajouta :
« Je donnerais dix dollars pour pouvoir aller tout seul jusqu’à la jonction.
— Vous ne pourriez jamais, répondit Gustave en montant aussi.
— Voulez-vous que j’essaye ? Rien n’est plus facile. »
Frank posa la main sur la soupape, d’un air de défi.
« Allons, faites-la chanter ! s’écria Gustave, répétant en plaisantant l’ordre que Bill donnait à son aide, et n’imaginant guère qu’il serait obéi.
— Très bien, nous allons partir, mais nous ne ferons qu’aller et venir jusqu’à l’aiguille. Je l’ai fait cent fois avec Bill. »
Frank ouvrit la soupape avec précaution et rejeta le levier en arrière. Le monstre s’ébranla et se mit en marche en soufflant.
Gustave, voyant Joë à la place de l’aiguilleur, lui cria de loin :
« Faites attention, Joë ; vous allez faire des malheurs. Il ne faut pas l’ouvrir !
— Je voudrais bien qu’il l’ouvrît, dit Frank surexcité. Il n’y a pas de train avant vingt minutes, et pendant que nous y sommes nous pourrions aller jusqu’au tournant.
— Oh ! mon Dieu ! s’écria Gustave hors de lui, que fait Joë ? Arrêtez-le, Frank ! Frank, revenons à la gare. »