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JACK ET JANE.

sa vieille passion était plus forte que jamais, et il n’avait pas de plus grand plaisir que d’aller à la gare du chemin de fer pour y étudier de près ses machines favorites. Il avait si bien cultivé la connaissance des mécaniciens et des chauffeurs, que ceux-ci lui accordaient toutes sortes de faveurs. À dire vrai, ils étaient très flattés de cette admiration d’un jeune homme si instruit pour leurs monstres de fer.

Le chemin de fer était tout récemment établi à Harmony. Il n’allait encore que jusque-là, et il n’y avait pas grand mouvement sur cette ligne qui n’était qu’un embranchement. Les deux uniques wagons des trains de voyageurs étaient souvent presque entièrement vides ; mais de grands trains de marchandises allaient et venaient continuellement de la fabrique d’Harmony à la ligne principale, qui était à quelques kilomètres.

Frank avait donc de nombreuses occasions de se livrer à son passe-temps favori. Son ami Bill le chauffeur l’emmena tant de fois avec lui dans ses voyages qu’il connut bientôt à fond le maniement de sa machine préférée, la locomotive no 11. Il savait si bien la diriger, il l’aimait tant, qu’il se promit d’avoir, quand il aurait fait fortune, une ligne de chemin de fer et une locomotive pour son plaisir particulier.

Gustave s’intéressait moins que Frank à cette étude de la vapeur, mais il l’accompagnait souvent dans ses visites aux mécaniciens et aux machines.

Un jour qu’ils étaient allés de compagnie à la station, ils trouvèrent la machine no 11 chauffée et prête à se mettre en route. Les wagons n’étaient pas encore attachés, et le conducteur était invisible. Il n’y avait per-