Page:Alcott - Jack et Jane.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
JACK ET JANE.

— Il n’en démordra pas, mère, vous verrez. Vous me dites souvent que je suis entêté, mais ce n’est rien en comparaison de Jack. Il est pire qu’un mulet ! Malheureusement, ce rapporteur de Joë ne sait rien de plus que ce qu’il a dit à M. Acton, et ce scélérat de Jerry est déjà loin. Je ne vois pas comment nous pourrions éclaircir tout cela, puisque Jack s’obstine à ne rien dire. Ah ! le petit sot ! s’écria Frank qui ne pouvait pardonner à son frère d’avoir déshonoré leur nom.

— Mon cher Frank, lui dit sa mère, vous vous exagérez les torts de Jack. Vous savez par vous-même qu’il est rare que les enfants les plus sages et les mieux élevés ne fassent pas de temps en temps quelques sottises. Ne soyez pas si sévère pour votre frère. Il s’est mis dans un mauvais pas, le pauvre enfant, mais quelle qu’ait pu être son escapade, n’oubliez pas qu’il l’a payée de son propre argent et qu’il a travaillé sans relâche toute la semaine pour le gagner. »

Ces paroles de Mme Minot calmèrent Frank comme par enchantement. Sa colère tomba comme s’il eut reçu une douche. Il eut honte de son manque d’indulgence en se souvenant combien son équipée du chemin de fer avait été coûteuse, et il fut pris de remords en songeant à la bonté que tout le monde avait eue pour lui alors. Il saisit son chapeau et courut rejoindre son ami Gustave pour tâcher d’obtenir quelque lumière sur la conduite de Jack. Il est inutile d’ajouter que tous ces conciliabules n’aboutirent à rien.

Personne ne savait rien, et Mme Minot n’obtint pas de réponse de son fils.

Quant à Jane, qui avait appris cette triste nouvelle