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LE SECRET DE JACK.

lui-même avait détourné les yeux lorsqu’il lui avait jeté un regard suppliant en descendant de l’estrade. Les aînés sont assez disposés à être sévères pour leurs cadets. Frank, écolier modèle, était très blessé de voir Jack avouer hautement ses rapports avec Jerry et donner à supposer qu’il laissait dans l’ombre le pire de l’histoire.

Il crut de son devoir de prendre son frère au collet, lorsqu’il sortit enfin, et de lui parler pendant tout le trajet du retour à la maison, comme un aîné décidé à lui arracher la vérité de gré ou de force. C’était plus que le pauvre enfant n’avait la force de supporter. Il s’entêta et refusa d’ouvrir la bouche, malgré les menaces de Frank.

Le souper se passa en silence. L’un semblait fulminer, l’autre bouder. L’aîné regardait le cadet avec courroux ; Jack mordait son pain d’un air de défi et se remuait sur sa chaise comme une anguille.

Mme Minot remarqua tout naturellement ce manège, mais elle se garda bien d’y faire attention. Elle pensait que ce nuage se dissiperait comme tant d’autres si personne n’en parlait ; mais rien n’y faisait, et quand les deux frères refusèrent de prendre du gâteau, Mme Minot s’en inquiéta sérieusement.

Aussitôt le repas terminé, Jack se retira avec dignité dans sa chambre, et la colère longtemps contenue de Frank éclata.

Mme Minot fut très affligée de son récit, mais elle ne condamna pas son fils. Elle le connaissait trop pour le croire très coupable.

« Je vais aller lui parler, dit-elle. À moi, il ne refusera pas d’explications.