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JACK ET JANE.

Miséricorde ! Je n’appelle pas ça peu de chose, murmura le malheureux patient, qui n’avait qu’une connaissance très limitée des maladies.

— Ce sera pour le tout une affaire de quarante jours, jeune homme. Il faut en prendre votre parti en brave, cela vous apprendra à faire une autre fois un peu plus attention à ce que vous faites. Allons, bonsoir. Vous irez mieux demain matin ; mais ne bougez pas, vous entendez. »

Et le médecin le quitta pour aller examiner Jane qu’il avait à peine entrevue à l’arrivée.

Tout le monde aurait cru que le cas de Jane était beaucoup moins sérieux que celui de son ami, mais le docteur parut s’en inquiéter bien autrement, et la petite fille passa un très mauvais quart d’heure pendant qu’il cherchait à reconnaître l’étendue du mal.

« Qu’elle reste sans remuer le moins du monde ; le temps seul dira à quel point elle s’est blessée. »

Ce fut là tout ce qu’elle entendit, mais si elle avait su ce qu’il avait ajouté tous bas, elle eût été moins surprise de voir sa mère s’essuyer les yeux si souvent.

Les souffrances de Jane lui venaient en outre de sa propre conscience, car ce n’était que de temps à autre qu’une douleur aiguë lui traversait le corps, mais ses remords ne lui laissaient pas de trêve, et son imagination lui peignait les blessures et les contusions de Jack sous l’aspect le plus sombre.

« Oh ! ne soyez pas si bonne pour moi, chère maman, je vous en prie ; c’est moi qui ai forcé Jack à me suivre, et maintenant il est bien malade et il mourra peut-être, et tout cela par ma faute. Tout le monde devrait me haïr, » disait en sanglotant la pauvre Jane.