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UNE IMPRUDENCE.

« Quand on est dans un grand danger, se dit-elle, on invoque Dieu. »

Elle se laissa tomber à genoux : et fit la prière la plus fervente qu’elle eût jamais faite. Quand elle eut fini, elle se sentit consolée. Elle se releva, essuya ses yeux aveuglés par les larmes, et regarda de nouveau autour d’elle. Ô bonheur ! À quelques mètres de là était une barque de pêcheur, et elle voyait le pêcheur lui-même jeter ses filets.

« Holà ! holà ! cria-t-elle. Venez à mon secours. Je suis perdue. Je ne peux pas revenir, Ramenez-moi à Belle-Plage, je vous en supplie ! »

Le pêcheur la prit probablement pour une sirène. Il la regarda d’un air aussi surpris, que s’il se fût attendu à voir sa tête brune supportée par une queue de poisson.

« Je vous en prie, répéta Jane. Ramenez-moi. Ne vous inquiétez pas de votre poisson, on vous récompensera de votre peine. Mes amis doivent être si inquiets !

— Vous êtes perdue, ma petite demoiselle, lui dit enfin le pêcheur. N’ayez pas peur. Vous serez bien vite là-bas. »

En quelques coups de rames, il fut près d’elle. Il prit son bateau à la remorque et la déposa elle-même dans sa barque au milieu des homards et des langoustes.

Jane n’avait pas peur de tous ces crustacés aux grosses pinces. Elle était trop heureuse de se sentir hors de danger pour s’inquiéter de tout autre chose, mais elle était brisée par toutes ces émotions et pouvait à peine parler. Elle rencontra bientôt Jack et Frank qui venaient à sa recherche avec deux bateaux. Ils étaient très inquiets de