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MYSTÈRES.

devenaient fréquents. Il y avait donc des secrets à l’infini ; mais celui qui excitait au plus haut degré la curiosité des enfants, c’était certains actes mystérieux qui se passaient chez Mme Minot. Personne n’en savait le premier mot, à l’exception de la maîtresse de la maison, de Mme Peck, de Ralph et de Frank. Ralph et Frank rendaient tous les autres à moitié fous par la manière dont ils leur parlaient à demi-mot de joies futures et d’oiseaux étranges et par le profond mystère dont ils s’entouraient.

Ils ne faisaient plus un pas sans avoir un mètre en main, et ils s’enfermaient des heures entières dans l’Antre des garçons. C’était ainsi qu’on appelait une grande chambre de débarras, destinée de tout temps aux jouets. IL semblait que ce fût là le centre des opérations, mais, en dehors de l’arbre annoncé, aucun rayon de lumière ne venait éclairer les curieux sur ce qui se passait dans ce secret laboratoire.

Il y entrait des ouvriers avec des pots de colle et des échelles, on y portait des meubles, et on en enlevaient toutes sortes de vieilleries qu’on reléguait au grenier ou à la cave. L’un des enfants y aperçut un jour Mme Minot absorbée dans la contemplation d’un énorme rouleau d’étoffe verte ; on y entendit des coups de marteau répétés ; on vit entrer des paquets sans fin, et des fleurs trahirent leur présence par leur parfum. On surprit aussi Mme Peck riant toute seule dans une petite chambre à coucher attenant à l’Antre des garçons, et qui ne servait plus depuis longtemps, mais ce fut tout.

« Après tout, dit un jour Molly Loo, vous verrez que c’est pour jouer la comédie, et que l’étoffe verte était le rideau. »