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JACK ET JANE.

Merry et Molly étaient venues voir Jane, et les amies parlaient naturellement du mystère qui faisait le fond de toutes les conversations des enfants du village. Toutes trois se tournaient le dos. N’allez pas croire qu’elles fussent brouillées ! Oh ! non, bien au contraire ; mais c’était afin de pouvoir terminer, sans être vues, certains travaux secrets. Chacun était sensé les ignorer ; mais il leur paraissait si naturel de se demander à tour de rôle les renseignements nécessaires pour faire ces cadeaux au goût de ceux ou de celles à qui elles les destinaient qu’il fallait de la bonne volonté pour ne pas les deviner.

Elles travaillaient avec acharnement, Merry tricotait le dernier des petits chaussons de laine blanche qu’elle voulait donner à Jane : Molly faisait un fichu au crochet pour Merry ; Jane, cachée par ses oreillers, tressait des petits tapis de jonc qu’elle destinait à tous ses amis pour mettre sous leurs ustensiles de toilette, et, il faut tout dire, Mme Peck elle-même se détournait pour coudre je ne sais quel ouvrage en mousseline.

« Moi, je crois plutôt que ce sera un bal, déclara Merry. Je les ai entendus danser l’autre jour quand je suis allée savoir si Jack aimait mieux le jaune ou le bleu, afin d’être fixée pour son essuie-plumes.

Mme Minot ne voudrait pas donner un bal quand Jack et moi ne pouvons danser, s’écria Jane. Je suis sûre que ce sera seulement un arbre de Noël étonnant, un arbre comme nous n’en avons jamais vu.

— Vous n’avez deviné ni les uns, ni les autres, dit Mme Peck en riant. À votre place j’y renoncerais. Vous perdez votre temps, car vous ne le devinerez jamais, quand même vous chercheriez pendant des mois.