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LES SURPRISES.

— Oui, répondit Jane d’un ton sec, » mais Jack ne dit mot.

Leurs figures rouges et maussades étaient cachées dans l’ombre. Ils regardèrent pensivement les bougies s’allumer une à une et scintiller dans les branches vertes. Enfin le dernier cercle de lumière fut allumé, et tous les coins de la chambre en furent éclairés.

« Jack va me voir maintenant, et je dois avoir l’air désagréable, » se dit Jane.

Jack pensa de même. Il tâchait d’effacer du revers de sa main les rides que la colère avait formées sur son front, lorsque Ralph s’approcha de la cheminée et y jeta une énorme bûche. La joyeuse flamme qui s’en éleva aussitôt vint briller devant les petits grognons, de manière à éclairer leur figure presque malgré eux.

Puis on entendit des coups de sonnette se succéder sans interruption et des voix d’enfants s’élever dans le corridor. Je vous demande un peu comment il eût été possible de rester fâché en écoutant la marche triomphale que jouait Édouard et la voix aiguë de Molly criant :

« Où est Jane ? »

Jack battit la mesure avec sa tête, et Jane sourit involontairement.

La joyeuse procession conduite par Frank arriva enfin. Un cri général s’échappa de vingt poitrines d’écoliers lorsqu’ils aperçurent l’arbre, la chambre féerique et ses habitants dans toute leur splendeur.

« Oh ! que c’est beau ! » s’écrièrent-ils avec unanimité.

Ralph fut chargé de distribuer les cadeaux. Il le fit avec tant de plaisanteries et de discours comiques, que les rires ne discontinuaient pas, et que les passants