Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/116

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— Mes livres ! il y a longtemps que je les aurais rangés à moi toute seule si vous ne m’aviez pas défendu de toucher un livre du bout du doigt.

— Je finirai par vous défendre aussi de toucher à une plume, si vous n’écrivez jamais mieux que dans le spécimen que j’ai sous les yeux.

— Qu’est-ce que c’est ?… Ah ! le catalogue de mes livres ! Si vous saviez comme j’étais pressée en le faisant et comme je le suis encore à l’heure qu’il est ! » s’écria la petite fille pour esquiver des reproches imminents.

Mais, avant que la porte se fût refermée sur elle, l’oncle Alec lui dit d’un ton qui n’admettait pas de réplique :

« Vous reviendrez quand vous aurez fini. »

Rose revint bientôt avec un battement de cœur. Elle sentait qu’elle avait mérité d’être grondée. En effet, la docteur consultait toujours la liste de livres et il avait pris son air grave.

« Qu’avez-vous eu la prétention d’écrire là ? » lui demanda-t-il en désignant l’une des lignes.

Ce malheureux petit cahier était écrit en dépit du sens commun ; toutes les lettres se ressemblaient ; les mots s’enchevêtraient les uns dans les autres, et les lignes tantôt montaient vers le haut de la page et tantôt s’inclinaient vers le bas. C’était un véritable chaos.

« Je lis : Perdrix pattues, continua l’oncle Alec. Est-ce là ce que vous avez eu l’intention d’écrire ?

— Non, balbutia Rose ; c’est le Paradis perdu.

— Vraiment ? J’avais cru que vous preniez intérêt à