« Sans Rose, je ne sais pas ce que Mac deviendrait, répétait sans cesse tante Juliette.
— C’est qu’à elle toute seule elle vaut tous les autres, » disait Mac du fond du cœur.
Rose ne demandait pas d’autre récompense ; cela suffisait pour lui donner un nouveau courage et pour l’empêcher de sentir la fatigue du devoir qu’elle s’imposait volontairement.
Que de choses elle apprit ainsi sans s’en douter ! Jusque-là, elle n’avait lu que des livres amusants. Or, Mac professait un profond mépris pour les nouvelles et les romans, sans en excepter même ceux de Cooper. À défaut des livres grecs et latins que la petite fille ne pouvait lire malgré son bon vouloir, il n’admettait que des voyages, des biographies et en général des livres « sérieux. » Rose lui obéit d’abord par pure condescendance, puis elle y prit goût et en arriva à trouver que les aventures de Livingstone et la vie des illustres Watt, Fulton ou Bernard Palissy, sont souvent aussi intéressantes que la plupart des histoires inventées à plaisir. Rose était disposée à la rêverie et à l’exaltation ; ces nouvelles lectures mirent un peu de plomb dans sa petite cervelle, et il en advint qu’en faisant du bien à son cousin, elle s’en fit à elle-même. Là ne fut pas le seul résultat de ses longues semaines d’épreuves : jamais Mac n’oublia la conduite de Rose à son égard, et ce fut pour lui le germe d’une affection qui devait durer toute sa vie.
Un jour, un beau jour où le soleil semblait vouloir à toute force pénétrer dans l’intérieur des maisons pour