Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout à coup, elle sortit de cet engourdissement pour dire à sa tante :

« Pourrais-je aller me coucher ?

— Certainement, ma mignonne, répondit la vieille dame en affectant une tranquillité qu’elle était loin d’avoir ; on va préparer pour vous un bain chaud et bassiner votre lit ; vous prendrez une infusion de tilleul, et demain il n’y paraîtra plus. Alec, voulez-vous la monter dans sa chambre ?

— Où avez-vous mal, ma chérie ? dit le docteur en l’emportant.

— J’ai mal dans le côté quand je respire, et je suis incapable de bouger ; mais ce n’est rien, ne vous inquiétez pas, mon oncle. »

Malgré les assurances de Rose, le docteur était très inquiet, et non sans raison, car, lorsque Rose voulut rire en voyant la vieille Debby brandir sa bassinoire comme pour frapper un ennemi invisible, elle fut prise d’une douleur si vive qu’elle poussa un cri déchirant.

« C’est une plurésie, dit Debby en bassinant le lit avec énergie.

— Oh ! est-ce que miss Rose va être bien malade ? demanda Phœbé, qui dans son émoi faillit laisser tomber un seau d’eau chaude.

— Taisez-vous ! fit le docteur d’un ton qui imposa silence à tout le monde. Soignez-la bien, continua-t-il plus doucement. Je reviendrai lui dire bonsoir tout à l’heure. »

Il alla trouver tante Patience, lui dit pour la rassurer :