Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/253

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« Ce n’est qu’un rhume. » Puis, dévoré d’anxiété, il se mit à arpenter son cabinet à grands pas en maudissant son imprudence. Il s’adressait des reproches sanglants :

« C’eût été trop beau d’arriver sans obstacle à la fin de l’année d’épreuves, se disait-il. Pourquoi n’ai-je pas écouté Myra ! Maudite soit cette manie de contradiction dont ma pauvre petite Rose est victime ! Fluxion de poitrine ? Pleurésie ?... Ah ! mais non, j’y mettrai bon ordre ! »

L’état de la malade s’aggravait cependant ; le bain et la tasse de tilleul de tante Prudence n’étaient pas suffisants pour enrayer le mal. Il fallut agir plus énergiquement, appliquer des sinapismes, et, pendant de longues heures, la pauvre enfant souffrit sans interruption, tandis que ses amis, l’âme remplie de sombres pressentiments, souffraient moralement presque autant qu’elle.

Au plus mauvais moment, Charlie, venant apporter un message de sa mère, rencontra Phœbé au bas de l’escalier. Elle tenait à la main un sinapisme qui n’avait produit aucun effet et pleurait à chaudes larmes.

« Chut ! dit-elle, en mettant son doigt sur ses lèvres, ne faites pas tant de bruit.

— Qui est-ce qui est malade ? s’écria Charlie.

— Miss Rose.

— Rose ?… Ce n’est pas possible.

— Elle est très malade. C’est la faute de M. Mac qui l’a fait attendre toute la matinée auprès de la mare. Je vous demande un peu s’il n’aurait pas pu la prévenir ! »

Phœbé était furieuse contre « ces maudits garçons »