Mais, au lieu de passer par l’escalier comme tout le monde, l’oncle Alec monta sur un banc de pierre, et, s’accrochant à quelques saillies du balcon avec une agilité qui n’appartient qu’aux marins, il arriva en un instant auprès de Rose stupéfaite.
« Avez-vous encore des doutes sur mon existence ? » lui dit-il, escaladant la balustrade du balcon.
Rose ne lui répondit que par un sourire.
« Comment va ma petite fille ce matin ? continua-t-il après lui avoir donné un baiser.
— Assez bien, mon oncle, je vous remercie, dit Rose.
« Assez bien ? répéta celui-ci. Et pourquoi n’est-ce pas très bien, s’il vous plaît ?
— J’ai toujours mal à la tête quand je m’éveille.
— Vous ne dormez donc pas toute la nuit ?
— Oh ! non ; je reste souvent éveillée pendant des heures ; j’ai le cauchemar, et il semble que je suis plus fatiguée quand je me lève que quand je me couche.
— Que faites-vous de vos journées ?
— Je lis, je couds un peu, je sommeille et je tiens compagnie à mes tantes.
— Comment ! vous ne sortez pas, vous ne courez pas et vous ne faites rien dans la maison ?
— Tante Prudence trouve que je ne suis pas assez forte pour prendre beaucoup d’exercice. Je vais quelquefois en voiture avec elle, mais cela ne m’amuse guère.
— Je le comprends, murmura l’oncle Alec. — Avec qui jouez-vous ? demanda-t-il tout haut.