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DEUX SECRETS.

vous confondissiez pas avec eux. Mère ne veut pas que nous recevions Ned chez nous, quoiqu’il désire beaucoup y avoir ses entrées, et, si vous devenez comme lui, elle ne voudra pas que nous continuions à vous voir comme nous le faisons.

— Serait-ce possible ? demanda anxieusement Laurie.

— Oui, elle ne peut pas supporter les jeunes gens qui se croient des hommes, et nous enfermerait dans des boîtes plutôt que de nous laisser avec eux.

— Eh bien ! elle n’a pas encore besoin d’acheter ses boîtes ; je ne suis pas un de ces jeunes gens et je n’ai pas l’intention d’en être un, mais j’aime à m’amuser de temps en temps sans faire de mal.

— Personne ne vous en empêche ; amusez-vous, mais convenablement, et ne changez pas, car notre bon temps serait fini.

— Je serai un vrai saint.

— Je ne vous en demande pas tant ! Soyez un garçon simple, honnête et respectable, et nous ne vous abandonnerons pas. Je ne sais pas ce que je ferais si vous faisiez comme le fils de M. Kings : il avait beaucoup d’argent, ne savait comment le dépenser ; il devint joueur et même ivrogne, si bien qu’un jour il s’enfuit de chez lui, imita la signature de son père, je crois, et enfin fit toutes sortes d’atrocités.

— Et vous pensez que j’agirai probablement de même. Je vous suis bien obligé.

— Non ! oh non ! Mais j’ai si souvent entendu dire que l’argent est un grand danger, que je regrette souvent que vous ne soyez pas pauvre. Je ne serais pas inquiète sur vous, alors.

— Comment, sérieusement, vous êtes inquiète sur moi, Jo ?

— Oui, un peu, quand vous vous montrez mécon-