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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

avait mis de hauts talons, et, comme Laurie le dit plus tard à Jo, c’était comique de la voir se promener dans cet accoutrement, et se faisant à elle-même de gracieux mouvements de tête quand elle s’approchait d’une grande glace où elle pouvait se contempler tout entière.

Laurie, ayant, non sans peine, réussi à garder quelque temps son sérieux, afin de ne pas offenser Sa Majesté Amy dans ses étranges atours, finit par se décider à frapper à la porte. Il fut gracieusement reçu.

« Reposez-vous un peu pendant que je rangerai tout cela, puis je vous consulterai sur une chose sérieuse, » dit Amy après s’être fait admirer.

Elle s’aperçut alors que le perroquet, que M. Polly en personne avait suivi Laurie. Elle le relégua dans un coin de la chambre et dit, en enlevant la montagne rose qui ornait sa tête, pendant que Laurie s’asseyait sur le bras d’un fauteuil :

« Cet oiseau est le tourment de ma vie ! Il est plus bavard qu’aucun monsieur, seulement il ne sait jamais ni ce qu’il dit, ni s’il est à propos de se taire ou de parler. Hier, tante était endormie, et je tâchais d’être aussi tranquille qu’une souris, quand tout à coup Polly a commencé à battre des ailes et à grogner dans sa cage. Je suis allée l’en faire sortir. C’était une grosse araignée qui avait causé son émoi ; j’ai chassé l’araignée avec les pincettes, mais elle s’est enfuie sous la bibliothèque. Alors Polly, devenu brave, s’avisa de lui donner la chasse, il la retrouva sous le meuble et lui dit en remuant la tête : « Embrassons-nous ? » Je n’ai pas pu m’empêcher de rire ; Polly s’est mis alors à crier, ma tante s’est éveillée et nous a grondés tous deux.

— L’araignée avait-elle accepté l’invitation de Polly ? demanda Laurie.

— Oui, car elle a quitté le dessous de la biblio-