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TANTE MARSCH.

drait, au lieu de l’arrêter net par un bon non bien décidé.

— Je ne suis pas si sotte que vous le supposez, Jo. J’ai beau être jeune, je suis en âge de savoir me conduire, et je ne me laisserai pas entraîner à parler malgré moi. »

Jo ne put s’empêcher de sourire de l’air important que sa sœur venait de prendre et qui lui allait aussi bien que la rougeur qui teignait ses joues.

« Cela vous ennuierait-il, de me faire part de vos intentions, Meg, si on parlait ? demanda Jo plus respectueusement.

— Pas du tout. Vous allez bientôt avoir seize ans, Jo, et mon expérience vous sera utile plus tard dans vos affaires du même genre.

— Je n’en aurai jamais d’un tel genre ! s’écria Jo courroucée.

— Qui sait ? répondit Meg en souriant.

— Il ne s’agit pas de moi, dit Jo, mais de vous, Meg. Je croyais que vous alliez me faire part de ce que vous répondriez si…

— C’est bien simple, reprit Meg. Je dirai avec calme et décision : Papa pense que je suis trop jeune pour prendre aucun engagement maintenant ; je suis de son avis, ainsi n’en parlons plus, je vous en prie.

— Hum ! C’est assez raide et froid. Malheureusement, je ne crois pas que cela doive se passer ainsi. Si ce monsieur, que je ne nomme pas, se conduit comme cela se passe dans les livres, vous accepteriez plutôt que de le chagriner.

— Non, certes, je lui dirai que je suis décidée, et je m’en irai avec dignité. »

Meg se leva pour exécuter devant sa sœur la sortie pleine de dignité qu’elle se réservait de faire le cas